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Liban les Enjeux de la présidentielle

LE LIBAN

L’HISTOIRE DU SYSTÈME POLITIQUE
Le recensement de 1932 et le pacte nationale de 1943

Le seul recensement organisé au Liban a lieu en 1932. Les résultats sont la base du « pacte national » de 1943 qui donne le système qui redistribue les fonctions politiques selon les diverses communautés religieuses qui se trouvent dans le pays.

Ce recensement donnait 200 000 Chrétiens Maronites sur un totale de 630 000 habitants du pays. Étant la communauté prédominant à l’époque, il est établi que le Président de la république devait être un maronite.

Les autres fonctions publiques désignées selon ce formule comprennent :

Le Premier ministre – Chiite
Le Président de l’Assemblée nationale – Sunnite
Le vice-Premier ministre – Chrétien orthodoxe

Dans l’Assemblée nationale le « pacte nationale » met en place un dispositif similaire pour la redistribution des sièges : parmi les 99 sièges 55 étaient réservés pour des députés chrétiens et 45 pour les musulmans. De chaque côté, il y a encore une distribution proportionnelle pour la représentation de chaque culte.

Selon les chiffres de 1932.

LES ACCORDS DE TAËF (1989)

La fin de la guerre civile est marquée par les accords signés à Taëf en Arabie saoudite. Celles-ci prévoit,

- Le plan pour le retrait progressif de l’armée Syrienne de Liban
- La réforme politique

Pour la réforme politique, les accords prône une réduction des pouvoirs du président maronite, du Premier ministre sunnite et du président chiite du Parlement. Leur pouvoirs sont remplacé par un plus puissant conseil des ministres.

Les accords réévaluent, aussi, le nombre de sièges à l’Assemblée nationale qui est porté de 99 à 128 avec une distribution égale entre chrétien et musulman.

PARTIS POLITIQUES ET COALITIONS

Mouvement du 14 mars 2005 – Rassemblement des partis qui exigeait le retrait des troupes syriennes de Beyrouth (Bloc Anti-syrien)
- Courant du futur (Fondé par Rafik Hariri, dirigé par son fils Saad, actuellement chef de la petite majorité parlementaire)
- Forces libanaises (Samir Jaja)
- Parti socialiste progressif – Soutien Druze. Non-confessionnaliste (fondé par Kamal Joumblatt, dirigé par son fils Walid)

Mouvement du 8 mars 2005 – Les partis prosyriens chiites Amal et Hezbollah, et plusieurs groupes chrétiens, organisent une contre-manifestation qui rassemble des centaines de milliers de personnes pour dénoncer l’interférence des puissances occidentales dans les affaires syrienne et libanaises.
- Amal – Parti chiite.
- Hezbollah « Parti de Dieu », chiite, seul parti disposant d’une milice lourdement armée contre Israel, dirigé par Hassan Nasrallah. Pallie l’absence d’Etat au Sud Liban en construisant logements sociaux, donnant du travail… Dans l’occident connu que comme entité « terroriste » mais ils ont d’autres rôles au Liban.
- Nationalistes syriens
- Le Gén Michel Aoun et le Courant Patriotique Libre, chrétien, il s’est allié avec le Hezbollah depuis le 6 février 2006.

MODE D’ÉLECTION DU PRESIDENT

Le président est élu par l’Assemblée nationale pour un mandat non-renouvelable de six ans. Cela dit l’actuel président Emile Lahoud a été élu en 1998 et a eu son mandat prolongé de trois ans par l’Assemblée en 2004.

Pour élire un président il faut la majorité du quorum de 2/3. Si ce quorum ne se présente pas avant le dernier jour du mandat du président sortant, la majorité simple suffit.

Le mandat d’Emile Lahoud se termine définitivement le 24 novembre de cette année.

ASSASINATS POLITIQUES DEPUIS 2005

On voit une campagne d’assassinats depuis 2005.

Mercredi dernier, Saad Hariri chef de file de la majorité à dénoncé publiquement un complot visant à l’assassiner ainsi que Fouad Siniora, l’actuel Premier ministre du Liban.

Les meurtres ont commencé avec son père…

- 14 février 2005 – L’ancien Premier ministre Rafic Hariri est tué dans un attentat. Une partie des Libanais et la plupart des diplomaties étrangères dénoncent l'implication de la Syrie dans cet attentat, mais ni la France, ni les États-Unis ne mettent explicitement en cause la Syrie.
- 21 novembre 2006 – Pierre Gemayel, député du mouvement du 14 mars a été abattu par balle dans la rue.
- 13 juin 2007 – Walid Eido (Sunni), député de Courant de futur et du mouvement du 14 mars. Il trouve la mort dans une voiture piégée à Beyrouth.
- 19 septembre 2007 – Antoine Ghanem, Phalange chrétien. Il est assassiné dans l’explosion d’une voiture piégée.

La Syrie est accusée d’être derrière ces attentats.

Comme a déclaré, la secrétaire de presse de la Maison Blanche, Dana Perino :
« Les victimes de ses lâches attentats sont clairement celles qui luttait contre l’interférence de Syrie dans les affaires domestiques du Liban. »

The New York Times du 20 septembre.
« M. Ghanem était le quatrième député anti-Syrien et le huitième homme politique assassiné depuis 2005. Certains analystes disent que ces assassinats font parti d’un complot visant à éliminer la majorité du gouvernement au parlement. »

« Après la mort de M. Ghanem, le mouvement du 14 mars aurait 67 des 128 sièges à l’Assemblée nationale. Pour élire un président, il faudrait une majorité de 65. « Ce qui est clair » dit Ziad Baroud, un avocat indépendant « est que quelqu’un veut enlever la majorité de la majorité. » »

Les candidatures

Dans ce contexte très conflictuel la question des candidatures à la succession d’Émile Lahoud, président pro-syrien à la popularité déclinante, est essentielle. Des quelques quinze candidatures potentielles énoncées par la presse libanaise, aucune ne semble distancer les autres. Néanmoins trois noms reviennent régulièrement car ils permettraient d’éviter de trancher clairement le rapport de force entre la majorité, le mouvement du 14 mars et l’opposition, le mouvement du 8 mars.
Le général de l’armée libanaise Michel Sleimane
Le gouverneur de la banque centrale Riad Salamé
Michel Aoun, figure chrétienne de la guerre civile et chef de Courant Patriotique Libre.

L’Orient Le Jour, le Daily Star et Al-Akhbar laissent entendre que Michel Aoun se retirerait de la course présidentielle et rejoindrait un comité mis en place par le chef de l’Eglise maronite Nasrallah Sfeir, chargé de désigner un candidat de consensus.

Pour l’instant, l’opposition n’a pas pris de position franche sur ces initiatives mais ils ont rappelé qu’ils « n’accepteraient pas, sous une forme ou une autre, d’avoir un voleur ou un pirate assis au Palais de Baabda siège de la présidence libanaise » comme l’a déclaré Nawwaf Musawi, membre haut placé du Hezbollah, dans un rassemblement à Beyrouth. Il a ajouté que le Hezbollah soutenait Aoun à la présidence car il ne pouvait pas être acheté avec de l’argent « comme d’autres peuvent l’être » et parce que les pressions étrangères ne fonctionnent pas sur lui.

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Car dans cette élection présidentielle il n’y a pas que les voix libanaises. Celles des puissances étrangères comptent tant que la presse libanaise les nomme ironiquement « les grands électeurs ».
Dans une lettre d’opinion Hassan Haidar, dans les colonnes de Dar al Hayat, « Les libanais avec leurs différentes sectes et idéologies, sont encore les otages de manipulations venant de l’autre côté des frontières de leur pays, peu soucieux de ses particularités et de ses besoins de stabilité comme n’importe quel état qui a une frontière, un régime et une constitution ».
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Les Grands Électeurs

Grosso modo, nous pouvons distinguer deux blocs intervenant directement dans le processus présidentiel libanais.
D’une part la Syrie, allié avec l’Iran.
D’autre part le bloc occidental avec les Etats-Unis et la France.

La Syrie ce voisin qui dérange

Depuis 2005, tous les débats et les discours évoquant l’unité nationale libanaise tournent autour de l’intervention syrienne. Les États-Unis, à mots couverts, et les puissances occidentales comme la France accuse le régime syrien d’être derrière les assassinats politiques des deux dernières années.
La Syrie, régime à parti unique, le baas, dirigé par Bachir Al-Assad, fils du précédent dirigeant Hafez Al-Assad, est l’acteur incontournable pour toute stabilisation du Liban.
Pendant très longtemps la Syrie a refusé de reconnaître l’existence du grand Liban. D’ailleurs il n’y a toujours pas d’ambassade syrienne à Beyrouth. Dans l’imaginaire collectif syrien et dans les discours officiels du régime Baasiste la notion de pays de « Sham », traduit imparfaitement comme Grande Syrie, est continuellement utilisée.
Cette vision s’est prolongée dans les armes lorsque les forces syriennes ont plongé dans le chaos libanais le 1er juin 1976. Damas justifie à cette époque son intervention au nom de la solidarité arabe. En fait le régime a toujours cherché un débouché pour son économie (on estime ainsi à 500 000 le nombre d’ouvriers syriens travaillant au Liban) et un levier contre Israël dans la négociation sur le plateau du Golan, d’où le soutien au Hezbollah.
Au moment de la révolution du Cèdre, Damas a accepté de retirer les quelques 40 000 soldats installés sur le territoire. Mais, depuis, les barrages militaires continuent à l’intérieur de la et ils seraient 12 000 soldats encore présents sur le territoire libanais.
Le rapport d’enquête des Nations Unies sur l’assassinat de Rafic Hariri a directement mis en cause Damas dans la campagne d’assassinat en cours au Liban.

Position sur la présidentielle

Une précision d’importance : le pouvoir syrien n’aime pas parler à découvert. Les discours de Bachir al-Assad, président du régime, sont truffés d’allusions à des « ils » non nommés. Pour avoir une idée des positions officielles il faut lire entre les lignes de ce qui est publié dans la presse officielle. Dans un article du 29 septembre, signé Aref al-Agha, il est décrit ce qu’il appelle « le plan obscur contre le Liban »
« avec l’agrément entre les laquais locaux pour nommer un des laquais à la présidence avec la formule de la moitié plus un des députés qui conduira à un grand désastre dans le pays».

Les syriens se sont toujours positionnés pour une candidature du consensus, manière de dire qu’on évite l’élection par vote à la majorité et dénoncent régulièrement des « ingérence étrangères qui iraient à l’encontre de la constitution ».

Comme le résume Emile Khoury, de L’Orient le Jour dans son édition du 1er novembre « Le plan syrien vise à annuler le rôle de la majorité dans la présidentielle. En lui interdisant de présenter des candidats et d’élire à la moitié plus un ».

Le bloc occidental désuni
Autant les Etats-Unis soutiennent jusqu’au bout le 14 mars, autant Paris a une position plus nuancée. Le correspondant de L’orient le Jour, Elie Masboungi fait remarquer « l’administration Bush continue de soutenir ses alliés libanais et de les encourager à élire un président, même avec une majorité absolue alors que Paris continue de recommander l’élection d’un candidat de large consensus »
États-Unis
Ont eux aussi une histoire d’intervention au Liban puisque lors de la première guerre civile de 1958, ce sont les GI’s américains qui sont envoyés pour stabiliser la situation.
La Position est très claire pour le gouvernement comme pour la presse américaine.
Il est intéressant de noter comment sont présentées les factions au Liban. L’expression consacrée est « le gouvernement pro-occidental du Premier Ministre Fouad Siniora contre l’opposition dirigée par le Hezbollah et soutenue par l’Iran et la Syrie ».

Depuis que le gouvernement Bush est en place, la Syrie est régulièrement accusée par les États-Unis de vouloir déstabiliser la région. D’où le vote en 2003, le Congrès américain vote le « Syria Accontability Act », autorisant le Président des Etats-Unis de prendre à n’importe quel moment des sanctions contre Damas.

Mais depuis l’enlisement dans le bourbier irakien, les États-Unis se gardent bien d’accuser directement le régime syrien. Sinon ils perdraient un des derniers alliés de circonstance dans la région alors que les fronts diplomatiques se multiplient au Proche-Orient : Kurdistan, Iran, Irak.
France
Puissance mandataire du Liban, sans elle ce pays n’aurait peut être même pas d’existence. Pendant les mandats Chirac, la France avait traditionnellement une position plutôt défiante vis-à-vis de la Syrie. Peut-être que l’amitié personnelle entre la famille Hariri et la famille Chirac n’y est pas étrangère. Depuis le changement présidentiel, les grandes lignes de la politique française au Liban sont peut-être en train d’évoluer. Car ils pencheraient aussi pour une candidature présidentielle du consensus. Ce qui n’empêche pas Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, de déclarer après la rencontre de son homologue syrien « Nous avons mis en garde très clairement la Syrie par l’intermédiaire de son ministre contre un vide politique au Liban qui se traduirait par une déstabilisation de toute la région et ne serait pas profitable à la Syrie ».
Il est intéressant de noter que la presse française se fait très peu l’écho de cette activité diplomatique même dans les brèves.

Liban : Les enjeux de la présidentielle

I
Présentation du système politique libanais.
Une organisation confessionnelle
Le recensement de 1932 et le pacte national de 1943
Les partis politiques : « le 14 mars » et « le 8 mars »

II
L’impasse institutionnelle depuis 2005
Le mode d’élection présidentielle
Une campagne d’assassinats politiques.
Le point sur les candidatures à la présidence

III
Les interventions extérieures
Syrie : Ce voisin qui dérange
Le bloc occidental désuni

Sources :

Al-Jazeera, Réseau infos arabe, basé à Qatar
Al-Hariri claims plot to kill him, Agence, 30 octobre 2007

Asharq Al-Awast, Quotidien arabe basé à Londres (Anglais and Arabe)
Lebanon: Why is the Presidential Election Becoming Crucial? Amir Taheri, 2 novembre 2007
http://www.asharqalawsat.com/

Dar el Hayat, Quotidien internationale arabophone basé au Royaume uni, originalement libanais racheté par un groupe saoudian.
· Leave Lebanon, Hassan Haidar, 2 novembre 2007.

L’Orient-Le Jour, Premier quotidien francophone du Liban basé à Beyrouth
Pour le régime syrien, l’enjeu est si capital qu’il ne reculerait devant rien, Emile Khoury, 1 novembre 2007
Deux rounds d’entretiens nocturnes Aoun-Hariri dans la discrétion totale à Paris, Élie Masboungi, 1 Novembre 2007

Sana, Agence de presse officielle syrienne
Discours du président Bachar al-assad à l’investiture de son 2ème mandat présidentiel – Politique étrangère, 18 juillet 2007

Syria Times, Quotidien Anglophone basé à Damas, faisant partie de la presse officielle du pouvoir en place,
· A black scheme against Lebanon, Aref al-Agha, 29 octobre

The Daily Star, Premier Quotidien Anglophone du Liban libanais, basé à Beyrouth
Aoun and Hariri try to break Beirut logjam with Paris talks, Hani M. Bathish, 1 novembre 2007

The New York Times
Opposition Has Edge in Lebanon Vote, Hassan M. Fattah, 6 août 2007
Car Bomb Near Beirut Kills Christian Lawmaker, Nada Bakri/Hassan M. Fattah, 20 septembre 2007
Lebanese Presidental Selection Delayed by Deadlock, Thanassis Cambanis, 26 septembre 2007

US Institute for Peace
Lebanon's Confessionalism: Problems and Prospects, Imad Harb, mars 2006
http://www.usip.org/pubs/usipeace_briefings/2006/0330_lebanon_confessionalism.html

CIA World Factbook
Lebanon
https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/le.html

Sam News

jeudi 25 octobre 2007

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